Baptême républicain: intervention d'Emmanuelle Gaziello le 12 septembre 08

Publié le par pcf 06

Et..réponse du Maire...


0.3 CELEBRATION DES BAPTEMES CIVILS

M. LE MAIRE.- Mes chers collègues, j’ai été saisi par un grand nombre de

Niçoises et de Niçois qui souhaitent pour leurs enfants qu’une cérémonie de parrainage puisse être organisée et présidée par un élu de la République. Ce baptême civil ou républicain vise à officialiser un parrainage civil parce que, à mon sens, il s’agit d’une valeur symbolique et sentimentale, il ne crée aucun lien de droit entre l’enfant et les parrains. Je souhaite, par cette délibération, satisfaire à ces demandes des Niçoises et des Niçois et notamment de parents athées ou de parents de religions différentes. La raison d’être de cette cérémonie est de permettre à des parents de désigner symboliquement un ou plusieurs parrains et marraines à leurs enfants dans le respect du principe de laïcité de la république tel qu’énoncé dans l’article 1er de la Constitution du 4 octobre 1958 : « La France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale. »

Le baptême civil est également un engagement moral qui mérite d’être solennel puisqu’il est avant tout la traduction de l’attachement particulier de la part des

parrains et marraines vis-à-vis de l’enfant. Il doit enfin leur permettre d’accompagner et protéger l’enfant au cours du chemin de sa vie et de le guider dans ses choix, dans une démarche de fraternité républicaine.

Ces célébrations solennelles seront organisées dans les salles de mariage.

Si j’ai souhaité, comme je viens de l’indiquer, inscrire à l’ordre du jour de notre

séance cette possibilité renouvelée, finalement, parce qu’il fut un temps où c’était le cas, et puis mon prédécesseur a souhaité que cela ne se fasse plus, c’est parce que je veux que chaque enfant de notre ville se reconnaisse dans la République. On ne peut pas parler toujours de prévention, on ne peut pas parler toujours de citoyenneté, on ne peut pas parler toujours de civisme et, en même temps, quand une famille veut un baptême pour son enfant alors que sa religion ou sa non croyance fait que cet enfant n’a pas été présenté pour un baptême devant le lieu de confession de ses parents, ne pas pouvoir offrir l’opportunité à cet enfant et à cette famille d’avoir l’impression qu’on l’intègre un peu plus dans cette

république et faire peser une responsabilité morale sur un homme, une femme, ou des hommes et des femmes qui vont se retrouver par cet engagement moral parrains ou marraines, pour accompagner aussi une part du parcours dans la vie de cet enfant-là. Eh bien, que la ville de Nice décide d’apporter tout simplement cette réponse à des hommes et des femmes qui nous le demandent et qui nous le demandent en nombre, j’ai estimé que nous avions à le faire.

Voilà ce que je voulais vous dire. Je sais que certains d’entre vous souhaitent

intervenir et je vous passe volontiers la parole.

Mme GAZIELLO.- Monsieur le Maire, mes chers collègues, une première

remarque. Le baptême républicain ou civil que vous voulez remettre en vigueur avec notre approbation entière, je le souligne bien, est une coutume qui en fait ne prend pas du tout sa source, contrairement à ce qui est écrit dans les considérants, dans le décret du 20 prairial qui n’existe pas puisque le 20 prairial était le jour du culte de l’Être suprême, c’était un jour férié, le décret n’est pas paru. Par contre, ce baptême républicain ou civil prend certainement sa source dans la loi du 20 septembre 1792 An I qui retira aux ecclésiastiques les registres d’état-civil pour les confier aux officiers républicains.

On conçoit bien, dans ce contexte, une cérémonie pour marquer symboliquement l’entrée dans la vie citoyenne, mais aussi et pas seulement pour donner parrain et marraine à l’enfant sans passer par monsieur le curé, monsieur le rabbin ou

monsieur l’imam.

C’est donc au coeur des valeurs républicaines encore affirmées le 8 juin 1794 que se situent les premiers baptêmes républicains, avant la grande Terreur. Les députés

jacobins venaient de voter des lois ou ont fait des discours extrêmement importants qui s’opposaient à toute forme de discrimination, pour éviter la guerre (1792 Robespierre),supprimer la peine de mort (1791), abolir l’esclavage, promouvoir le vote au suffrage universel, interdire le cumul des mandats (16 mai 1791), instaurer la liberté des cultes (juillet 1793), défendre les juifs (1791) ainsi que le respect de la liberté de la presse, de penser ou encore la mise en place de l’instruction publique.

Au coeur de ces valeurs républicaines, Monsieur le Maire, il faut replacer ce

baptême républicain. Monsieur le Maire, en ces temps où l’on confond allègrement la sphère privée avec la sphère publique au profit d’un amalgame qui entend prôner pour la France une laïcité saine ou positive, comme si la laïcité ne se satisfaisait pas à elle-même, avec des discours comme celui du Latran qui entend promouvoir le rôle du curé pour l’éducation de nos enfants, c’est avec un profond sentiment de satisfaction laïque et républicaine que nous avons pris connaissance de ce projet de délibération. Satisfaction d’autant plus profonde que cette délibération entre en vigueur le jour même où notre pays accueille, en la personne du président de la République et sur fonds publics, un pape qui use essentiellement de son siège d’observateur permanent à l’ONU pour faire reculer les droits des femmes, la lutte

contre le sida ou le droit des minorités sexuelles.

Je vous remercie.

.

M. LE MAIRE.-( ………)

Quant à vous, Madame Gaziello, vous votez pour mais votre vote pour ne

m’enthousiasme pas, parce que quand votre référence est la Révolution française,

permettez-moi de vous dire que c’est le passage le plus sanguinaire de notre histoire. C’est peut-être votre culture, ce n’est pas la mienne. La Terreur et les têtes coupées, ce n’est pas mon truc.

M. CUTURELLO.- Vous, c’est Napoléon III !

M. LE MAIRE.- Quand vous dites vous aussi : le président de la République

est allé à Latran pour promouvoir les curés, attendez, je trouve franchement qu’il y a des propos déplacés, irrespectueux, scandaleux. Nous sommes dans un monde laïc où l’on considère que des responsables religieux de toutes parts peuvent compléter le travail de l’Éducation nationale et donner…

Mme GAZIELLO.- On n’a pas dit cela du tout.

M. LE MAIRE.- … et donner une éducation religieuse pour que des enfants

dans des familles, que ce soit auprès du rabbin, auprès du prêtre, auprès de l’imam, puissent avoir un complément de sagesse, un complément de fraternité qui leur soit enseigné, un complément d’enseignement culturel et de l’histoire de l’humanité qui leur soit enseigné, et que, quelque part, des responsables politiques estiment que tant qu’on prône le bien par rapport au mal et qu’on enseigne le bien plutôt que de laisser chacun libre d’agir comme il le veut parce qu’il n’y a aucune règle de vie, franchement c’est tout à fait déplacé de votre part.

Mais encore, ça, je peux laisser passer parce que cela reste une attaque politicienne.

Ce que je ne laisserai jamais passer, Madame Gaziello, c’est les propos que

vous avez osé proférer à l’encontre de sa Sainteté le Pape Benoît XVI parce que cela, au Conseil municipal de Nice comme dans n’importe quelle assemblée, à l’égard d’un grand

chef religieux, de quelqu’un qui représente tant d’hommes et de femmes qui croient en quelque chose d’autre, que ce soit lui ou que ce soit un autre, au nom d’une autre religion, dans ma ville, je n’accepte pas ces débats, je ne les accepterai pas de votre part, c’était scandaleux et inadmissible, je voulais le dire, et plus jamais je ne l’accepterai

La délibération n° 0.3, mise aux voix, est adoptée à la

majorité absolue.

Votent contre : - M. CHAUVET

- M. MARI

M. MILLE.- Monsieur le Maire, lorsque vous avez parlé de la Révolution, j’ai

entendu monsieur Patrick Allemand murmurer dans le fond de la salle, j’ai entendu dire : « vous préférez Napoléon III ».

C’est vrai, monsieur le maire a raison de préférer Napoléon III. La Révolution

française se décline en plusieurs périodes, comme vous le savez bien entendu, la Terreur n’est pas toute la Révolution française, c’est un fait, mais la façon dont vous devez considérer Napoléon III, soit par ignorance, soit parce que vous n’êtes pas au courant de tous les écrits qui se font actuellement sur Napoléon III, c’était un grand novateur social, économiste, urbain, et considérer Napoléon III comme un empereur de valse et d’opérette est àmon avis parfaitement rétrograde.

Si monsieur le maire défend Napoléon III et s’active pour Napoléon III, dans

un grand mouvement national en ce moment, d’ailleurs, je l’approuve complètement. Ce murmure que j’ai entendu, qui était suffisamment fort puisqu’il est venu jusqu’à moi, je voulais y répondre. Ce que je dis n’est donc pas hors de propos puisque c’est vous-même qui avez laissé apparaître cela.

La Révolution française est une grande chose, absolument, mais il y a une

partie de l’histoire de France qui doit être reconsidérée, c’est cette partie qui appartient à Napoléon III, de la seconde moitié du 19e siècle. Ce n’est pas parce que pendant des années on a appris dans les écoles, dans les lycées et à l’université une certaine vision de Napoléon III qu’aujourd’hui on ne soit pas obligé de le reconsidérer. Je vous propose les livresde monsieur Milza, de monsieur Anceau, et même le livre - bien sûr vous allez dire que c’est un engagement politique - de monsieur Séguin aussi. Je vous donne trois livres à lire : monsieur Milza est de gauche, monsieur Anceau est un universitaire et monsieurSéguin est un grand homme politique, un grand lettré et un homme incontestable aussi. Voilà trois

livres pour passer vos soirées.

M. LE MAIRE.- Merci Monsieur Mille. Je ne doute pas un seul instant que

monsieur Allemand suivra vos conseils.

M. CUTURELLO.- Je vous conseille Victor Hugo sur le sujet.

M. MILLE.- Bien sûr.

M. LE MAIRE.- On peut vous proposer monsieur Zola aussi.

Vous savez, il faut respecter toute son histoire. Victor Hugo était un grand

homme, un grand écrivain auquel nous devons beaucoup, mais c’était aussi quelqu’un qui

était doté d’un diplôme politicien, comme dirait Sophie Duez, et qui a su s’en servir par

rapport à ses propres petites querelles personnelles. Il faut savoir faire la part des choses.

0.4

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