Nice : le logement social grande victime du Plan Local de l'Urbanisme (PLU)

Publié le par pcf 06

Communiqué de Robert Injey et Emmanuelle Gaziello
Conseillers municipaux de Nice, Groupe Communistes et Républicains


Alors que depuis hier est engagée l'enquête publique sur le projet du plan local de l'urbanisme, deux faits  ont illustré la problématique à laquelle nous sommes confrontés à Nice.

D'une part il y a quelque jours, la revue l'Expansion a publié une enquête sur les grandes villes titrée: « logement une catastrophe française ».

Et catastrophe dans la catastrophe, Nice pointe en 28ème place sur les 28 villes concernées. Une dernière place qui doit beaucoup à la situation du logement social dans cette ville. Puisque Nice a le plus faible taux (moins de 8%) de logements sociaux, du fait de cette carence elle a aussi, très logiquement, le plus faible taux de mobilité dans le parc social.

D'autre part, il y a quelques semaines Christian Estrosi et Eric Ciotti ont décidé, et s'en sont félicités, qu'il n’y aurait pas de logements supplémentaires Corniche André de Joly. Un refus de construire 14 logements sociaux au prétexte de « difficulté de stationnement et de circulation, nécessité d'aérer l'habitat ».

Ainsi d'un côté nous avons une crise très profonde et de l'autre des décisions aux antipodes de ce qu'il faudrait faire.

Pire ils font le choix délibéré de marquer Nice d'une double caractéristique : celle d'une pénurie organisée en terme d'offre de logements sociaux et celle de la mise en œuvre effective d'une véritable ségrégation urbaine visant à renforcer ou à créer de nouveaux ghettos.

Pénurie organisée :

Il suffit de se rapporter aux objectifs du PLH concernant Nice :

Lors du conseil municipal du 11 décembre 2009, Madame Estrosi-Sassone a présenté les objectifs pour le PLH (plan local de l'habitat) pour la période 2010-2015 sur Nice.

Les éléments contenus dans les dossiers de la délibération en attestent: la situation sociale est particulièrement difficile dans notre département. Ainsi 53% des ménages fiscaux ont un revenu inférieur à 2 fois le smic

Le logement est un facteur aggravant des inégalités sociales, ainsi 14,8% des ménages du parc privé consacrent 40%, au moins, de leur revenu au logement. Et face à cette situation dramatique le document du PLH fait le constat d’un parc social nettement insuffisant, avec un retard sur la loi SRU de 24 000 logements sociaux sur le périmètre de la communauté urbaine.

Et les perspectives ne vont pas en s'améliorant, il en est ainsi du niveau de vie des retraités, ou bien encore de l'explosion de la précarité. Sans parler de la hausse de la population évaluée à 30 000 habitants supplémentaires d’ici 2020 soit l’équivalent de 12 000 logements.

Face à ces besoins, le bilan du 1er PLH est très limité avec une moyenne sur la période 1999 – 2007 de 526 logements sociaux construits par ans.

Pour la période qui s'ouvre devant nous on nous annonce une moyenne annuelle de 1268 logements sociaux.  Dont une part non négligeable constituée par du PLS, pas accessible à toutes les familles puisque le seuil de ressource pour un foyer de 3 personnes s'élève à 44 118 euros par an.

A ce rythme là il faudra attendre 2030-2035 pour résorber le manque de logements sociaux sur le périmètre de la communauté et sur Nice.

Ségrégation urbaine :

Loin des discours sur la mixité sociale le PLU traduit la mise en œuvre d’une véritable ségrégation urbaine.

Ainsi, sur les surfaces réservées dans le PLU au titre des « servitudes de mixité sociale » sur l’ensemble de la ville cela concerne une surface globale de  178 894 m².
Mais la répartition de cette surface est très inégale et laisse entrevoir une conception pour le moins particulière de la mixité sociale. Ainsi il y a 0 m²  sur Cimiez, et le Mont Boron par exemple.

« Le grand centre » , secteur aussi vaste compris entre le bord de mer, la voie rapide,  le Paillon et délimité à l’Est par le Palais Acropolis et à l’Ouest par le Palais de l’Agriculture, seulement 3 zones réservées représentant 1393 m².

Par contre :

Ariane : 28 781
,
Madeleine, vallon de la Madeleine, Carlone : 34 677
,
Pessicart Mantéga : 37 347
,
Bon Voyage St Roch : 15 055
,  soit un total de de 115 860   (près des 2 tiers de la surface totale).

Au passage remarquons que tous ces secteurs sont assez enclavés, souvent déjà  très denses en terme de logements sociaux, et à l’exception de Bon-Voyage et de St Roch en terme de dessertes en transports en commun, de parking  et de circulation ces secteurs sont problématiques. Les raisons prétextées pour refuser 14 logements sociaux corniche André de Joly s’appliqueraient bien plus à ces quartiers….

Avec ce  PLU le Maire de Nice, de fait entérine l’exclusion du grand centre ville d’une part importante de la population qui n’aura pas les moyens de pouvoir se loger. Et l’annonce de 25% de logement sociaux dans tous les programmes de construction ne doit pas faire illusion.

C’est du logement pour actifs , du PLS, qui sera construit, inaccessible pour 70% de foyers de ce département. Loin d’aller vers une véritable mixité sociale, ils vont renforcer la ghettoïsation de certains secteurs, et même en créer de nouveaux.

Après le bouclier fiscal, se met en place de manière inexorable un bouclier urbain pour repousser toujours plus loin à la périphérie de la ville les travailleurs et les retraités aux revenus moyens, c'est-à-dire 70% de la population.

 

Nice, le 11 mai

Publié dans Logement

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